Persuader et convaincre : deux mots inévitables en pensée critique. Frères, peut-être, jumeaux, pas du tout. Bien que sémantiquement proches, ils diffèrent subtilement. Connaître la différence permet, par exemple, de qualifier l'approche utilisée dans une publicité en un seul mot. Saviez-vous que la majorité des publicités cherchent à persuader et seulement quelques-unes à convaincre ?
La différence ? L'article ci-dessous y répond. Extrait du dictionnaire des subtilités du français intitulé la Nuance :
La conviction tient plus à l'esprit, la persuasion tient plus au cœur. La conviction suppose des preuves, la persuasion n'en suppose pas toujours. Persuader se prend toujours en bonne part, convaincre se prend quelquefois en mauvaise part : Je suis convaincu de sa haine. « On persuade à quelqu'un de faire quelque chose, on le convainc de l'avoir faite ; dans ce sens convaincre ne se prend qu'en mauvaise part » (d'Alembert).
Pour conduire à l'adhésion, les deux voies indiquées ici (le coeur et l'esprit) trouvent leur répondant aujourd'hui avec cet autre couple : l'inconscient et la raison.
« Vous m'avez convaincu, mais vous ne m'avez pas persuadé », se dira facilement — tant le sujet s'attache viscéralement à ses illusions. Disons-le encore d'une autre manière : « Je vois bien à tous vos arguments que vous avez raison, il n'en demeure pas moins que mes désirs sont toujours les mêmes. » Contradiction banale que la psychanalyse (grâce à la plume d'Octave Mannoni) résume fort bien par cette formule : Je sais bien, mais quand même...
À l'inverse il est parfois possible de persuader sans avoir besoin de convaincre — c'est tout l'art de la rhétorique... Ou plus exactement, on utilise la persuasion en prétendant convaincre (geste essentiel de tout discours publicitaire).
Notre vie nous conduit sans cesse à brimbaler entre les arguments souvent inutiles de la conviction et les leurres de la persuasion.
Maintenant, avez-vous été convaincu de la pertinence de connaître cette différence ?
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