(Billet dégénéré, devenu article. Moi qui pensais écrire un ttb, « tou tit billet » !)
Sébastien Paquet ira à la conférence Extreme Markup Languages à Montréal la semaine prochaine et se demande quelles personnes il devrait rencontrer.
En tant que travailleur autonome (traduire par « qui paie lui-même, de sa poche, les frais d'inscriptions, le transport, le logement et la nourriture »), je me limite raisonnablement à un congrès aux deux ans... et cette année n'est pas l'année. Sébastien, j'aurais bien aimé vous rencontrer mais mon chef du budget me dit donc que je dois y renoncer. Je vais toutefois vous répondre et faire une ou deux suggestions.
D'abord, pas de gêne, Extreme Markup Languages c'est la conférence XML geek chic.
Geek car toute conférence touchant XML ne peut que tendre vers le geek. De plus, de toutes les conférences XMLisantes, celle de Montréal se positionne comme la plus avancée. On y aborde les sujets les plus controversés du balisage des textes et base de données. Les organisateurs se plaisent à introduire sciemment des présentations en opposition avec leur propre vision.
Chic car bien que très très technique, le monde du balisage du texte a comme objectif essentiel de rendre la connaissance accessible. Alors même qu'on discute technologie, les objectifs sont nobles et globaux, les discours souvent relevés de philosophie. D'ailleurs, plusieurs des innovateurs SGML/XML viennent d'autres horizons que l'informatique. Le père de SGML était avocat, monsieur "topic maps" fût physicien, et monsieur accessibilité pour tous était architecte de formation. Chic celle de Montréal car c'est aussi là qu'on a présenté au monde le bébé XML presque à terme, avec les parents présents.
Geek chic internationale pourrais-je même avancer. Oui, je sais, la plupart des bonnes conférences sont internationales. Oui, mais elles sont alors souvent très majoritairement étatsuniennes pour toutes sortes de raisons. Beaucoup moins vrai cependant pour les conférences XML. Peut-être est-ce dû à la nature même du standard (échange, internationalisation, universalité) et à la ville de Montréal même, lieu plus neutre, zone franche pour les connaissances.
Oui, je suis donc un ancien de l'univers du balisage du texte. En 1994, j'osais recommander à la Régie des rentes de faire un projet pilote utilisant SGML. Ma première conférence SGML remonte à la « piste technique » du Seybold on Desktop Publishing de 1993 à Boston. J'en ressortais énergisé, fasciné et plein de projets. Envoûté par ma rencontre avec Yuri Rubinsky celui-ci m'avait convaincu (c'était bien difficile de lui dire non) de participer à ce qu'il appelait la vraie conférence SGML : SGML93, The Silent Revolution (pour les plus jeunes ou les moins nerds, SGML c'est lancêtre de HTML et d'XML). Depuis, environ aux deux ans, je participe à une conférence XML ou ayant un volet XML. Je profite de ces conférences pour faire coïncider voyage et connaissances (évidemment, ça n'a pas la même ampleur que les aventures professionnelles de Karl Dubost, que je jalouse profondément ;-).
- Portugal Media - Fenasoft Europa, Porto, mai 2002
- Extreme Markup Language, Montréal, août 2000
- XML, Developer’s Conference, Montréal, août 1998
- Internet Technologies - Document Management, San Jose, Californie, février 1998
- The SGML/XML Conference, Washington DC, décembre 1997
- SGML93, The Silent Revolution, Boston
- Seybold on Desktop Publishing, Boston 1993
De ces conférences, celles de Montréal m'ont donné le plus de plaisir à cause de la nature controversée et exceptionnellement argumentative des conférences. D'ailleurs ne serait-ce pas l'occasion pour vous d'y présenter une affiche. Les sessions d'affichage y sont particulièrement ouvertes, même aux questions sans réponses. Excellent moyen de repérer de nouveaux collaborateurs. En chair et en os, en prime.
Au fil des ans, j'ai trouvé ces personnes particulièrement intéressantes. Plusieurs d'entre elles sont des habituées. Peut-être les croiserez-vous.
- Paul Prescod, celui qui a vendu l'idée de Python auprès de la communauté XML
- José Carlos Leite Ramalho, Portugais, drôle, intelligent et ayant travaillé sur des projets muséologiques vraiment intéressants, particulièrement au niveau de la représentation du temps.
- Michel Biezunski, alias monsieur topic maps.
- Neil Kipp, développeur, polémiste reconnu, showman et saxophoniste. D'ailleurs, il sera conférencier lors d'une des polémiques: Daily Polemic: Slashing brambles and sating digital hunger
- Liam Quin, W3C. Bon discours. Intéressant, original, un peu excentrique même. Je me demande, maintenant devenu personnage important, s'il se promène toujours pieds nus aux conférences.
- Tony Coates, un Australien vivant à Londres (travaillait à l'agence Reuters), parle bien français. Il y a deux ans, j'ai fait quelques entrevues avec des personnalités du monde XML afin de dynamiser mes présentantations à propos d'XML. Anthony était l'un d'eux. Michel Biezunski et Prescod faisaient également partie des élus.
- autres...
Évidemment, pour moi et bien d'autres, la tête d'affiche, le grand seigneur, la culture incarnée, le philo-linguistico-baliseur par excellence c'est C. Michael Sperberg-McQueen . Vous ne devez pas manquer aucune de ses présentations (l'une est déjà sur son site), surtout pas celle de clôture (celle de 2002 en donne un aperçu). C'est toujours intéressant. Ça donne toujours du recul par rapport à l'évolution de l'industrie. Ça fait immanquablement réfléchir. On sourit beaucoup. On rit souvent. Il détient un doctorat en littérature comparée de l'université Stanford. Pour l'anecdote, dans un de ses nombreux voyages il a été invité au Tibet, dans un monastère, pour les conseiller sur une approche de balisage des textes sacrés. Parlez de consultation spécialisée !
Sébastien, obtenez une rencontre avec Michael Sperberg-McQueen et le niveau de discussion et la satisfaction seront à la hauteur du nom de la conférence.
Je vous envie. Bonne chance.